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11 septembre !

Onze septembre, cinquante ans…
Parce que c’est bien du 11 septembre 1973 dont il s’agit. L’autre, c’était différent. Ce sont les américain-e-s qui ont été attaqué-e-s. C’est à dire celles et ceux qui ont organisé celui de 1973. Alors forcément, on voit les choses différemment.

C’est peu dire que cet évènement a marqué la politique des années 70 et 80. La lutte contre l’impérialisme américain été déjà bien vivante à cette époque. Elle avait démarré après la seconde guerre mondiale. Au moment du plan Marshall pour être plus précis. De nombreuses manifestations aux cris de « US GO Home » et de « Ridgway la peste » étaient organisées en France. A ce moment là, c’est l’Europe que les américains occupaient et colonisaient.
Puis, ce fut la période Viet-Nam. Là encore, les américains ont été la cible des manifestations hostiles, en France, comme dans le monde…

Mais dans ces épisodes historiques des années 50 et 60, l’armée américaine était très visible. C’est elle qui était sur le terrain.
Au Chili, les choses furent plus cachées. Point de GI dans les rues de Santiago, aucun Marines dans le port de Valparaiso. C’est la CIA qui a œuvré dans l’ombre. Et son travail a été terriblement efficace. En moins de 3 ans, l’Unité Populaire au pouvoir a été combattu, abandonnée par un nombre important d’ouvriers (notamment dans les mines, mais aussi les camionneurs). Une fois l’économie déstabilisée, il ne restait plus qu’à porter l’estocade. Pour cela, il fallait trouver l’individu idoine. C’est Allende qui l’a trouvé ! C’est en effet le Président qui a fait appel au général Pinochet pour prendre le poste des chef des armées, en lieu et place de l’ancien chef déchu.
Le reste est connu: Pinochet a trahi la confiance accordée par Allende. Et le 11 septembre au matin, l’armée chilienne prenait les armes contre son Président, contre son peuple.
Pour une analyse plus fine de ce moment dramatique de l’histoire, je ne peux que vous conseiller la lecture de l’article de Franck Gaudrichaud dans le Monde Diplomatique de septembre 2023.

Ce coup d’état a eu des conséquences géopolitiques importantes. Le cône Sud de l’Amérique en a été bouleversé. Pour toutes les forces populaires, le message était clair: « il est hors de question qu’un gouvernement de gauche dirige un pays d’Amérique du Sud ».
Et pour que les choses soient bien claires, la politique économique du Chili de Pinochet a de suite été marquée à droite. Ce sont les Chicago’s boys qui ont mis en œuvre les théories ultra-libérales de Milton Friedmann…
Théories que reprendront par la suite Reagan et Thatcher, avec les conséquences que l’ont connait !

A titre personnel, le 11 septembre 1973 a une autre saveur.
Comme beaucoup, j’étais encore en vacances ce jour là. Je préparais mon entrée à la fac (Nanterre). Je m’apprêtais à découvrir l’effervescence de la vie politique étudiante post 68. A à cet égard, Nanterre était toujours à la pointe de l’action.
Mais c’est surtout en référence à une année de lycée que ce coup d’état m’a marqué. En classe de première, nous avions une professeure d’espagnol qui avait attiré notre attention sur ce qui se passait au Chili. Nous étions en 1971. Je me souviens de ses mots: « Il faudra surveiller ce qui va se passer au Chili, parce que c’est la première fois qu’un gouvernement démocratique arrive au pouvoir à la suite d’élections ».
J’avoue que ce jour là je n’avais pas vraiment compris ce qu’elle voulait dire (mes camarades non plus d’ailleurs). Mais ce n’est qu’après que j’ai apprécier la justesse de ses remarques…
Je ne me souviens plus du nom de cette professeure. Je ne crois pas qu’elle soit restée toute l’année. Dommage, elle fait partie de ces quelques adultes (enseignant-e-s, éducateur-rice, collègues) qui ont participé sans le vouloir (et sans le savoir) à ma formation de citoyen…

L’article du Monde Diplo que j’ai évoqué plus haut, évoque aussi la situation actuelle du Chili. Situation paradoxale puisque le président (de gauche) élu démocratiquement en 2019, Gabriel Boric, est actuellement en situation difficile puisque le parlement est maintenant bien à droite ! L’extrême droite revient en force dans le jeu politique chilien. Pire, le peuple chilien se revendique de plus en plus de l’héritage politique de Pinochet. Ce que fait sans vergogne le leader de la droite, Jose Antonio Kast.

Le coup d’état chilien a eu de nombreuses retombées en Europe, et notamment en France ou les réfugié-e-s chilien-ne-s ont été accueilli-e-s.
Mais si le Chili reste tenté par un retour vers la droite extrême, l’Europe d’aujourd’hui sera-t-elle en mesure d’accueillir encore des réfugié-e-s politiques ?

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