Blog / Ecologie

Vivre sous 50°, c’est possible !

Une canicule est passée, une autre est annoncée…
Celle qui est passée a été longue, difficile à supporter. Il faut dire qu’une grosse semaine à plus de 30° jours et nuits, en plein centre ville, dans un appartement pas vraiment hermétique, c’est épuisant.
Mais ce passage caniculaire a eu des effets positifs: j’ai enfin compris comment les humains allaient pouvoir vivre avec le réchauffement climatique…

J’ai eu cette « révélation » en passant 3h dans une salle d’escalade à Nice. Il est à noter que la nature de l’activité n’est pas fondamentale dans ma découverte. C’est plutôt le type de lieu qui est important: grande salle climatisée.
Or, il est important de noter que cette pratique sportive a eu lieu alors que j’avais passé un certain temps à errer dans une galerie marchande du centre ville. Galerie climatisée, elle aussi bien sûr.
Entre temps, j’ai dû utiliser les transports en commun, eux aussi climatisés.
Cet enchaînement d’activités climatisées m’a fait repenser à des premières constatations de ce type émises après mes voyages à Montréal (Québec, Canada). J’avais été frappé par l’adaptation de l’urbanisme aux rigueurs climatiques. A Montréal, le problème n’est pas la trop grande chaleur, mais le froid. Alors, de nombreux lieux de vie (centres commerciaux, lieux de divertissement, transport, rue, etc.) sont construits en sous-sol. Ainsi, il est possible de se déplacer, de faire ses courses, d’aller au cinéma sans mettre le nez dehors ! Qu’importe qu’il y ait 1m de neige dans les rues, la ville souterraine peut continuer à vivre au chaud…
J’avais plusieurs fois imaginé que la solution à nos problèmes de réchauffement du climat était de ce type, mais sans pouvoir dépasser le stade de l’utopie irréalisable techniquement. Comment construire une ville sous une bulle pour y vivre à l’abri des canicules à partir des villes aujourd’hui existantes ?
J’imaginais toujours une ville sous une bulle quand la solution réside dans la connectivité des différents lieux de vie déjà climatisés !

Ainsi, il serait possible, sans travaux pharaoniques, de créer une ville à l’abri de la chaleur intense qui nous attend.
Imaginons-nous dans une appartement (climatisé) au Xème étage d’un immeuble (climatisé). Lorsque nous devons aller au travail, il nous suffit de descendre dans la rue (ou dans le meilleur des cas dans une galerie souterraine), de prendre un transport (climatisé) et de nous engouffrer dans le bâtiment de notre lieu de travail. Il est à noter que cette expérience ne se répète que deux fois au maximum dans la semaine, puisque le reste du temps nous pouvons télétravailler. Lorsque nous voulons nous divertir, il nous suffit de procéder de la même manière, pour une destination différente. Idem pour les achats qui ne peuvent pas nous être livrés…
La ville sous une bulle climatisée existe déjà. La bulle est virtuelle, mais bel et bien réelle.

Si cette ville résistante au changement climatique existe déjà, deux écueils persistent néanmoins. Ils sont d’ordre social plutôt que technique.
D’abord, ce type de vie ne concerne que les personnes qui peuvent vivre en centre ville. Toutes les personnes qui vivent dores et déjà en périphérie seront exclues de cette « bulle virtuelle mais réelle ». A n’en pas douter, la vie sera encore plus difficile pour les pauvres devenus encore plus pauvres.
Ensuite, cette évolution de notre façon de vivre va produire un nouvel exode rural parce qu’il n’est évidement pas envisageable de transposer ce mode d’urbanisme hors des villes ! Ce qui va produire une désertification des espaces inter-citadins, nous privant de la possibilité de profiter d’une production agricole. Il faudra tout produire sous serre (climatisées), dans de grands centres urbains…
Last but not least, ce mode de vie ne concernera bien sûr que les pays occidentaux. Pour les citoyen-ne-s de ces pays (ceux et celles qui n’auront pas migré-e-s en Scandinavie) la vie sous bulle sera possible. Mais pour les africain-e-s, les asiatiques ? Ils seront obligé-e-s d’essayer de trouver refuge sous nos bulles ! Sommes-nous prêt-e-s à les y accueillir ?

C’est dans ma jeunesse que j’ai vu pour la première fois le film  » Soleil vert  » (pour voir le film, cliquer ici ). Il y a déjà 45 ans ! Je me souviens avoir été très ému en recevant la scène finale, celle de la mort du héros. Sa mort est programmée, décidée. Il entre dans le bâtiment destiné à ce dernier voyage. Sur une écran géant, on lui projette des images de sa jeunesse. Il voit ainsi défiler des champs, des forêts, des ruisseaux. Il voit des biches, des oiseaux. Il voit une mer claire, des montagnes enneigées, des ciels purs… Déjà en 1974 ce film dénonçait la situation climatique dans laquelle nous sommes aujourd’hui. Comme beaucoup d’autres œuvres, discours, rapports, manifestations, sa démarche aura été vaine. Nous sommes aujourd’hui dans la situation que  » Soleil vert  » dénonçait…

Je suis souvent triste d’être un viel homme. Mais je sais que la vie n’est qu’un accident de l’histoire. Et puisque la vie est courte, je suis plutôt heureux que la mienne ait-eu lieu à une période dans laquelle j’ai pu marcher sur des glaciers, me baigner dans des mers poissonneuses et claires, parcourir des forêts et des bois, admirer des animaux sauvages au petit matin…
Quoi qu’il en soit, en attendant le moment où le film me sera projeté, je vais retourner dans une salle d’escalade. J’irai même dans une salle de remise en forme, climatisées, bien sûr !

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