Décroissance / Ecologie

L’écologie sans décroissance n’est que jardinage !

Le début de l’été 2020 a été très actif pour l’écologie politique !
Après la difficile épreuve du confinement, un besoin d’écologie s’est affiché à travers les élections municipales et la médiatisation des travaux de la Conférence Citoyenne sur le Climat (CCC).
Cette évolution vers une place plus grande de l’écologie n’est pas une lubie qui surgit d’on ne sait où. C’est un besoin plus profond qui sourd à travers différents résultats électoraux et les nombreux rassemblements climats organisés en France (mais aussi dans le monde).

Mais de quelle écologie s’agit-il ?

Cette question est indispensable à creuser, car il y a autant d’écologies que d’écologistes…
L’écologie politique que je défends est celle qui combat la cause profonde des désastres que nous vivons aujourd’hui: atteintes multiples et irréversibles à la biodiversité, dérèglement climatique avec augmentation générale des températures, destruction des fonds marins, invasion des pesticides, émergence de nouveaux virus, invasion des déchets nucléaires, famines endémiques, etc.
Le liste n’est, hélas, pas exhaustive…

Et la cause profonde de ces désastres, c’est notre système économique, le capitalisme néo-libéral mondialisé.

C’est donc à travers ce prisme que je vais analyser ces deux événements centrés sur l’écologie ayant eu lieu à la fin de ce mois de juin 2020.

La Conférence Citoyenne pour le Climat

Je ne m’attarderai pas sur les questions démocratiques que posent la création de cette forme de réflexion politique. Après tout, la démocratie représentative a montré ses limites. Il est temps de la dépasser. Mais savoir si la CCC est une forme de dépassement satisfaisante est une question très légitime, mais que je me poserai à un autre moment.

Quoi qu’il en soit, les 150 personnes tirées au sort ont produit un travail conséquent.
Personnellement, j’aurais été favorable à la mise en œuvre des 150 propositions. Surtout des quatre qui n’ont pas été retenues ! Pour rappel, une proposition n’a pas été votée par la CCC, celle visant à une diminution conséquente du temps de travail. Par ailleurs, Macron a refusé trois autres propositions: la limitation de la vitesse à 110km sur les autoroutes, la modification du préambule de la constitution pour y introduire la priorité su respect de l’environnement et la création d’une taxe de 4% sur les dividendes perçus dans les entreprises qui versent plus de 10M€ de dividendes !
Ces seules quatre mesures non retenues suffisent pour comprendre les limites politiques de ce travail. Instiller une dose de vert dans le tableau économique et politique de la France de 2020 est souhaitable. Repeindre le tableau en vert n’est pas acceptable, même pas envisageable !!!
Et Macron a encore enfoncé le clou dans son discours du 29 juin devant les membres de la CCC:  » Vous avez placé l’écologie au cœur du modèle économique en faisant le pari de l’investissement dans les transports, les énergies et les technologies de demain (…) Mais vous avez aussi tourné le dos à la décroissance, vous ne proposez pas de ne plus produire. (…) Investir, transformer, innover, c’est ce qui correspond à notre pays à cette philosophie des Lumières qui nous a faits « .
Avec cette simple phrase, Macron définit ce qu’est la véritable écologie politique, celle qui remettra fondamentalement en cause ce système mortifère. La décroissance, voilà le danger !
Toute autre mesure qui ne remet pas en cause le dogme de la productivité et de la croissance est bienvenue. C’est un appel très clair à la relance verte, pour un capitalisme vert…

Après le filtre de la CCC (qui a supprimé la mesure la plus sociale, après le filtre Macron (qui a supprimé 3 autres mesures, dont deux pouvant porter atteinte aux intérêts de secteurs économiques polluants), quel sera le filtre Casteix ? Parce que, in fine, c’est le gouvernement et sa ministre vert pâle de l’écologie qui devra mettre en œuvre ces 146 mesures ! Et le pire est à craindre…

Les élections municipales

Si l’on en croit les commentaires au lendemain de ces élections, nous avons assisté à une vague verte lors du second tour de ces municipales. Il est quand même important de regarder les résultats de plus près.

Certes, des listes conduites par des membres d’EELV ont gagné des villes importantes, emblématiques, les plus grandes du pays: Marseille, Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Grenoble (conservée), etc. Mais il est important de pointer qu’à chaque fois ce sont des listes d’union qui ont gagné, et d’union à gauche.
Si on ajoute la vingtaine de villes moyennes gagnées (Besançon, Poitiers, Tours…) les résultats sont probants; des listes menées par des candidats écologistes (notamment d’EELV) peuvent accéder à la gestion des grandes villes françaises. Les satisfactions sont d’autant plus grandes que dans la plupart du temps, ces victoires dans les communes ont été suivies de victoires dans les métropoles ou communautés. Seule Marseille (hélas) fait exception !
Mais si j’insiste autant sur le fait que ce sont des listes d’union, c’est parce que de telles listes dirigeaient (ou avaient dirigé) des grandes communes. C’est particulièrement vrai dans l’ouest (Rennes, Nantes, Angers) mais aussi à Paris. Ce à quoi nous avons assisté, c’est à une inversion de l’ordre des candidats dans les listes. Menées auparavant par des socialistes, ces listes sont aujourd’hui menées par des écologistes.
A n’en pas douter, EELV a su profiter de la dynamique « climat » qui existe depuis quelques années maintenant. Mais ce mouvement a aussi su profiter de la déconfiture du PS suite à la déroute de 2017. Le PS n’était plus en mesure d’exiger quoi que ce soit. Mais il était encore nécessaire pour gagner. EELV l’a bien compris, et elle a su en profiter !
De son côté, la gauche (je ne mets pas la PS dans la gauche) a vu son rôle réduit à une force d’appoint, encore nécessaire. Mais pour combien de temps ?

Dans ce cadre, que pouvons-nous espérer de ces élus écologistes ?
Nulle part, la décroissance ne figurait au programme de ces listes. La lutte contre les pollutions (notamment celles dues aux voitures) sera sans doute bien prise en compte. Les vendeurs de vélos ont de beaux jours devant eux, et c’est tant mieux ! L’amélioration des bâtiments , l’augmentation des espaces verts, la rénovation de la démocratie seront aussi au programme.
Mais je n’ai vu nulle part la réduction du trafic aérien (voir la suppression d’aéroports), la lutte contre le tourisme de masse, la fermeture des entreprises polluantes, etc.
Les tenants du libéralisme mondialisé peuvent dormir tranquilles. EELV va améliorer la qualité de la vie dans les villes qu’il va gérer. Je m’en félicite. Mais ce n’est pas ce mouvement qui nous sortira des impasses du capitalisme libéral et mondialisé. Certes, ce n’est pas en étant maire (même d’une grande ville) que l’on peut changer un système économique mondial. Mais c’est là que ça commence.
Et surtout, les succès écolos aux européennes de 2019 et aux municipales de 2020 permettent tous les rêves pour 2021 et 2022. EELV se voit déjà à la tête de régions et la lutte pour la présidentielle est lancée entre Jadot et Piole !!!

Pas sur que la véritable écologie politique, celle qui passera par une phase de décroissance pour arriver à une société plus sobre en sorte vainqueure !
Mais en attendant, on va se contenter de ce qu’on a, et lutter pour avoir plus.
Mince,  » en avoir plus « , c’est pas trop décroissant !!!

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