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Jour 56 : Enfin le dernier !

Dimanche 10 mai. Et voici enfin LE dernier jour !
Nous l’avons tellement attendu que nous risquons d’être déçus. Comme un désir longtemps refoulé parce qu’impossible, idéalisé, fantasmé. La réalité est rarement à la hauteur du rêve.
Bien sûr, nous allons être déçus. Parce que notre vie quotidienne ne sera pas celle d’avant. Il faudra se méfier de l’autre, porteu-r-se éventuel-le de virus. Les autres se méfieront de nous. Allons-nous nous embrasser lors de nos retrouvailles ? Non, bien entendu, c’est trop dangereux. Même nos enfants et petits enfants ? Il faudrait avoir ce courage… mais que ce sera difficile.
Et puis, le déconfinement n’a pas amené que des désagréments. Le calme qui règne encore aujourd’hui (voir la vidéo ci-dessous) est une aubaine dont nous avons abusé. Sera-t-il possible de se ré-habituer au bruit ? En ce qui me concerne, j’en doute. Plus de coups de klaxon intempestifs, plus d’avion survolants le bout de la rue. Plus d’abruti-e-s faisant hurler le moteur de leur moto… C’était vraiment agréable. Le silence va me manquer.

Nous avons prévu un protocole pour les visites de la famille ou des ami-e-s: Retirer les chaussures sur le palier, ôter les vêtements « extérieurs » (gilet, veste, imper) dans l’entrée, lavage des mains au gel ou à l’eau et au savon, un mètre d’écart entre les personnes et bien sûr, pas d’embrassades.

Ce protocole peu contraignant une fois qu’on y sera habitué, est un exemple de ce que sera notre nouvelle vie. Cette nouvelle organisation de nos relations sociales va être généralisée. Dans les commerces, les transports, administrations, etc. Quel sera notre degré d’acceptation collective de ces règles ?
Notre pays n’est pas réputé comme endroit où les citoyen-ne-s sont très respectueu-x-ses des règles.
Je me souviens de la première fois où je suis allé aux États-Unis. Nous avions pu bénéficier des relations de jumelage de la commune dans laquelle nous travaillions pour participer à un festival à La Fayette en Louisiane. L’adjoint qui gérait notre déplacement m’avait prévenu avant le départ (comme nous étions des circassien-ne-s, il devait craindre notre potentiel comportement déviant !): « Attention, quand vous serez arrivés, vous verrez aux USA il y a des lignes au sol dans tous les lieux publics. Vous devez respecter ces lignes, qui sont dîtes de « confidentialité ». Les américains ne comprendraient pas un non-respect de votre part ». Nous avons pu constater l’importance de la distanciation sociale dans ce pays.
J’ai encore pu vérifier ce type de comportement lors d’un voyage au Québec. Comme tout français, lorsque nous avons voulu prendre le bus, nous nous sommes mis sous le poteau indicateur de l’arrêt. Nous étions un peu étonnés de l’absence complète d’autres voyageurs en attente. Puis, au bout de quelques minutes, un monsieur est gentiment venu nous demander si nous étions français. Nous n’avons pu nier, vu notre accent à couper au couteau. Il nous a alors expliqué qu’au Québec, la queue n’est pas au bord de la rue, mais quelques mètres plus loin. En nous retournant, nous avons en effet vu une file d’une vingtaine de personnes. Personne n’avait râlé, mais personne n’avait essayé de passer devant nous. Nous avons sagement pris notre place au bout de la file…
C’était dans les années 90 (du XXème siècle). Depuis, les choses ont évolué en France et les lignes de « confidentialité » sont aussi apparues chez nous.
Ce sont maintenant de nouvelles règles de distanciations sociales que nous devons apprendre. Cela prendra du temps, cela changera nos comportements de groupe, mais ça reste indispensable si nous ne voulons pas re-confiner d’ici quelques semaines…

Nous avons profité au maximum de ce dernier jour. Une sortie tranquille le matin, écourtée par la pluie. Puis, nous sommes resté-e-s enfermé-e-s jusqu’au soir (sauf 20mn dans l’am pour filmer la vidéo ci-dessus).
Ma tension est moins pire, mais toujours dans le jaune. Mon poids continue de descendre rapidement, 72kgs ce matin, soit 500grs de moins en 24h !

Nous avons achevé la journée devant « Plein soleil » de René Clément sur Arte. LE film qui a révélé Alain Delon. Dommage qu’il soit devenu si con, c’est vraiment un grand acteur. Il a une présence à l’écran impressionnante pour le jeune acteur inconnu qu’il était alors.
Il y a un an (l’été dernier me semble-t-il) Le Monde avait commis une série dans laquelle un épisode était consacré à la façon dont Delon avait réussi à décrocher le rôle. Initialement prévu pour Maurice Ronet, il a fallu beaucoup d’insistance et de manœuvres à Delon pour se voir attribuer le rôle… et lui permettre d’accéder à la carrière qu’on lui connaît.

Pendant que nous regardions « Plein soleil« , la pluie a redoublé d’intensité.
Le mauvais temps est annoncé pendant au moins une dizaine de jours. Le débat sur l’accès à la plage a perdu un peu de son intensité. Mais on a vraiment affaire à des dirigeant-e-s retors. Macron a réussi à calculer la date du déconfinement en fonction du temps. Ils savaient qu’il pleuvrait dans de nombreuses régions, et notamment en PACA, à partir du 11 mai. De ce fait, les risques de grands rassemblements festifs sont limités. Ils sont vraiment forts !

Quoi que (pour ne pas dire Couac !). Tard dans la soirée nous avons appris que le Conseil Constitutionnel n’avait pas eu le temps de traiter de la demande d’avis émise par le Président de la République. La transmission de la saisine a été effectuée trop tard. Conséquence, la loi de sécurité sanitaire ne sera pas appliquée demain.
Finalement, on a vraiment affaire à des amateurs !

Ce journal du confinement est maintenant terminé. Vu l’investissement qu’il m’a demandé, je ne suis pas certain de recommencer au prochain confinement. Je vous tiendrai au courant.
En attendant, essayez d’en profiter un maximum, et… prenez soin de vous !

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