Confinement

Jour 37: 18 ans déjà

Mardi 21 avril. La journée a commencé par une réunion d’un groupe de travail de la CPNEF. Début à 9h, fin à 11h40. La matinée consacrée aux questions de formation professionnelle…
Ce programme m’a contraint à rester à la maison jusqu’à 17h30. Puis, je suis sorti chercher du pain, retour en passant par la Promenade des Anglais. Une demi heure d’aération.
Rien de nouveau au niveau de la santé. Tension dans le jaune, cœur plus calme (toujours à moins de 70), pas de fièvre, pas de toux. J’ai repris du poids, et ça, c’est fort désagréable. Demain, jogging (il va faire beau !).
Deux nouveaux épisodes de la série « l’amie prodigieuse » en soirée. Nous avons hésité avec le documentaire d’Arte sur le flicage numérique, avec Nice en vedette (« Tous surveillés 7 milliards de suspects« ). C’est trop déprimant, on verra ça plus tard. D’autant plus qu’à la fin des épisodes de la série, en revenant au direct, nous avons attrapé quelques images du doc (toujours sur Arte) « Ihuman, l’intelligence artificielle et nous« . C’est encore plus effrayant. Nous allons laisser un monde horrible à nos petits enfants !

Ces documentaires, aussi effrayants soient-ils, ne sont pas de la science fiction. La surveillance numérique est déjà très présente. Elle est renforcée par la séquence pandémique que nous vivons. Les mesures dites de « sécurité sanitaire » mise en œuvre récemment, qui s’ajoutent aux lois de sécurité suite aux attentats, nous font entrer par couches de plus en plus épaisses dans un monde régi par des dictatures.
La mise en place de systèmes politiques de plus en plus autoritaires n’est pas le simple fait d’une volonté partisane, ou d’un groupe d’individus. C’est une nécessité pour le système politique ultra libéral. Le pouvoir économique a supplanté le pouvoir politique dans nos sociétés. Ceux qui décident de nos vies, ce ne sont plus les élu-e-s politiques. Ce sont les multinationales, les fonds de pensions, les Black Rock (doc visible toujours sur Arte jusqu’au 1er juillet). Et ces structures qui pénètrent les lieux de pouvoir (Black Rock vient d’être désigné conseiller de la Commission Européenne !!!) ont besoin de pouvoirs politiques forts afin de contenir les soulèvements populaires.
C’est la raison pour laquelle dans de nombreux pays, (Brésil, États-Unis, Russie, Turquie, Inde et bien sûr Chine) des pouvoirs très autoritaires sont en place. C’est aussi le cas au sein de l’Union Européenne en Hongrie notamment, alors qu’en Italie, en Allemagne, en France, en Autriche, etc. les partis d’extrême droite s’approchent ou sont aux portes du pouvoir.
C’est le monde qui se dessine, monde que nous allons léguer à nos petits enfants…

Je vous invite à lire (voir à relire) « la stratégie du choc » de Naomie Klein (existe en version Poche). Elle y explique par le détail comment chaque choc économique, climatique, politique a été mis à profit par le capitalisme libéral pour pour renforcer le pouvoir des entreprises privées, diminuer le poids des services publics, et ériger le profil en règle de base de la société. L’exemple type me semble avoir été l’ouragan « Katrina » en Louisiane. A lire sans modération !!!

Or, nous vivons actuellement un choc violent et planétaire.

Le 21 avril reste pour moi une date marquante de la montée des droites extrêmes vers le pouvoir.
C’est en effet le 21 avril 2002, il y a 18 ans aujourd’hui, que le candidat du parti d’extrême droite, Jean-Marie Le Pen, est arrivé à la deuxième place du premier tour de l’élection présidentielle en France.
C’est peu dire que ce fut un choc !
La réaction a été immédiate et massive. Le 1er mai suivant, des manifestations monstres réunissaient dans de très nombreuses villes (petites ou grandes) des millions de manifestant-e-s. Au second tour, Le Pen ne récolta guère plus de voix qu’au premier. Chirac fut élu triomphalement, avec les voix de droite et de gauche.

En ce temps là, je dirigeais une MJC à Mougins (06). Cette élection a été l’occasion d’une remise en question importante de mon activité professionnelle. Je m’interrogeais sur la réelle utilité du travail d’éducation populaire. Cette MJC était forte de 2500 adhérent-e-s, ce qui était loin d’être négligeable. Les scores du Front National dépassaient les 20% dans tous les bureaux du territoire de la MJC. Mathématiquement, cela signifiait, évidement, qu’il y avait parmi les adhérent-e-s, des électeurs-rices de Le Pen.
A l’époque, c’était inconcevable. Pour moi, cela condamnait la politique mise en place au sein de l’association et visant à contribuer à la formation de citoyen-ne-s actifs-ves et responsables. L’opposé de l’idée que nous nous faisions des électeurs FN.

Aujourd’hui, notre regard a changé sur cette tranche de la population. Ses votes ont été analysés, décortiqués. Nous savons pourquoi, comment le FN a pu prospérer. Nous ne nous étonnons plus de voir Le Pen (la fille) au second tour. Nous nous demandons simplement quel sera son opposant au second tour !
Jusqu’au jour où elle sera élue.
Ce qui risque bien de se produire dans deux ans !!!

C’est pourquoi il est important de réagir maintenant.
Nous devons utiliser ce choc pour imposer notre société, comme les résistant-e-s ont pu imposer la leur en 1945.
Il est encore temps !

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