Confinement

Jour 55 : Masqué-e-s

Samedi 9 mai. Nous sommes allés chercher nos masques.
La ville de Nice a gentiment distribué à tou-te-s les résident-e-s (toutes les personnes qui payent des impôts locaux) deux masques. Les nôtres sont noirs. J’ai demandé des bleus, il n’y en avait pas. Mais on nous a dit qu’on avait manqué de peu la distribution des blancs et surtout, des roses…
Intéressant cette distribution de masques. Nous n’étions que deux personnes à faire la queue munies de tous nos papiers, la convocation et l’autorisation dérogatoire de sortie (cochée à la case 4, « Déplacement pour motif familial impérieux… »). Il y avait aussi deux personnes qui demandaient des renseignements. Pour nous accueillir, à l’extérieur, deux fonctionnaires municipales masquées et en uniforme d’Agent de Surveillance de la Voie Publique (ASVP). Elles étaient accompagnées d’un bénévole, dûment masqué. Une des ASVP contrôle mes papiers et m’introduit (n’attendez pas de blague grivoise, l’heure est grave !) dans les locaux de l’Office de Tourisme de la Promenade des Anglais.
Un cheminement clair et incontournable nous amène jusqu’aux quatre guichets, dont trois sont munis de fonctionnaires en civil. Après vérification de mes papiers, du justificatif de domicile, la fonctionnaire que j’avais choisie (en fait, je n’ai pas choisi, j’ai pris la première) me donne mon enveloppe. Un grand chiffre « 4 » est écrit au stylo bleu. J’ai eu droit à quatre masques.
Pour sortir, il m’a suffit de suivre le cheminement aussi clair et incontournable que pour entrer. Après avoir salué toutes ces fonctionnaires, j’ai retrouvé avec plaisir ma compagne qui m’attendait impatiemment, frustrée de n’avoir pas pu bénéficier de cette expérience…
Résumons: cinq fonctionnaires et un bénévole sont mobilisé-e-s un samedi après-midi pour distribuer des masques à quelques pékins ! Même les républiques socialistes n’ont jamais fait aussi bien. Et je pense que Cuba n’atteint pas ce haut degré de la qualité de l’accueil…
Issa Nissa !

Pendant que nous allions tranquillement chercher nos masques, notre gentil maire devisait devant sa caméra. Il expliquait qu’à partir du moment où nous ne serions plus confiné-e-s, il sera obligatoire de porter un masque pour sortir sur tout le territoire de la commune. Il a pris un arrêté en ce sens, la veille, vendredi 8 mai.
Vous le direz, il y a quand même beaucoup de cohérence dans la politique de notre ville. D’abord on offre un cadeau, ensuite, on oblige les détenteurs du cadeau à utiliser ce cadeau. C’est un peu comme si j’offrais un parfum à ma compagne (c’est vraiment une hypothèse nécessaire pour la démonstration, en vrai je ne fais jamais ça !) et que je l’obligeais ensuite à s’asperger tous les matins et avant chaque sortie.
En terme de gestionnaire, ça s’appelle rationaliser un investissement !
Nous verrons bien si ce nouvel arrêté pourra être appliqué. Nous avons eu confirmation que d’anciennes décisions municipales n’étaient pas appliquées. Après avoir récupéré nos masques, nous sommes allés marcher un petit moment. Nous avons été contrôlé-e-s par des policiers municipaux, fort courtois. Celui qui nous a contrôlé, nous a précisé que nous étions en règle, mais qu’il préférait nous rappeler qu’il était interdit de circuler sur la Promenade des Anglais tous les après-midi. Il a reconnu que cet arrêté n’était pas connu, et qu’il n’y avait pas de verbalisation. Donc, c’était un arrêté inapplicable…
Qu’en sera-t-il des nouvelles mesures ?
Issa Nissa.

Il me semble utile de rappeler que l’arrêté obligeant le port du masque s’ajoute à la loi sécurité (je ne sais plus laquelle, il y en a sans arrêt !) qui interdit de circuler masquer. Les forces de l’ordre doivent toujours pouvoir voir le visage des personnes circulant sur l’espace public. C’est encore plus important à Nice, où le maire se targue d’avoir installé le plus grand réseau de vidéo-surveillance de France: 2500 caméras ! Christian Estrosi est aussi un chantre de la reconnaissance faciale. Il est en bonne place dans le documentaire toujours présent sur Arte (et déjà évoqué dans ce blog): « Tous surveillés, 7 milliards de suspects » disponible jusqu’au 19 juin.
Résumons: à Nice, le maire, utilisant les ressources des lois dites de sécurité, nous surveille et cherche à nous reconnaître partout où nous circulons. Mais il nous oblige à nous cacher derrière des masques pour nous protéger et protéger les autres !
Protéger de quoi ? Des caméras ?
Issa Nissa !

Aujourd’hui, c’était jour de footing (ou de jogging). J’ai légèrement allongé le parcours que j’utilise depuis quelques temps. Sinon, j’aurais couru 2mn de moins ! Fort de mes arrestations (sans conséquences) par les forces de l’ordre niçoises, je cours le matin (il est toujours interdit de courir l’après-midi à Nice. Est-ce que ça continuera après le 11 mai ?).
J’ai donc couru 56’20 ». Toujours lentement, toujours en vérifiant que le cardio reste sous les 135.

De son côté, la tension reste stable, quoi que… Habituellement, je ne vérifie ma tension que le matin au lever. Aujourd’hui j’ai aussi contrôlé après la sieste. Il y a une amélioration. Mais c’était après une heure de course et plus d’une heure et demi de sieste ! je ne ferai pas ça tous les jours !

La journée s’est achevée sans prétention devant les série policières de France3.
Depuis hier, je me suis plongé dans « le mystère de la chambre jaune« , de Gaston Leroux. Le roman policier type de l’énigme sans solution apparente puisque la victime est retrouvée enfermée de l’intérieur dans sa chambre, sans qu’il y ait de possibilité apparente de sortie…

Demain, c’est le dernier jour de confinement. Il faudra en profiter à fond !

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