Confinement

Jour 45 : Dans quel état ?

Mercredi 29 avril. Depuis quelques jours, je suis étonné en écrivant le titre de l’article. Celui qui figure au dessus du texte, sous la photo. Cela commence par : « Jour XX ». Ce qui m’étonne, c’est le XX, c’est à dire le fait que j’écris un 45 ème article aujourd’hui, donc une durée de confinement de 45 jours !
Qui aurait soupçonné il y a deux mois que nous pourrions tenir 45 jours (et sûrement 56 au moins) enfermé-e-s chez nous ?
Certes, le confinement n’est pas un emprisonnement, il est possible de s’aérer une fois par jour. Mais ça fera quasiment deux mois ! Deux mois sans avoir au moins l’impression de pouvoir jouir d’une liberté de mouvement.
Il sera important, après le déconfinement (le deuxième, le troisième déconfinement ?) de nous interroger sur notre capacité à accepter des mesures coercitives. Bien sûr, ces mesures nous sont toujours présentées « dans notre intérêt ». Comme lorsque nous étions enfants. Quand nos parents nous punissaient ou nous réprimandaient « pour notre bien ».

Mais « pour notre bien », nous avons tranquillement accepté de vivre dans un état policier. Depuis 2015 et les attentats, l’armée est présente dans nos rues, en surveillance, pour nous protéger. Des contrôles ont lieu à l’entrée de tous les lieux publics. Nous sommes fouillé-e-s, palpé-e-s. Nous devons passer sous des portiques de détection dans les gares, les aéroports, avant d’entrer dans un musée, au spectacle, voire avant d’assister ou même de participer à une manifestation sportive. Nous sommes filmé-e-s en permanence (à Nice il y a plus de 2500 caméras de vidéosurveillance). Nous sommes écouté-e-s et espionné-e-s à chaque mail que nous envoyons, à chaque post sur un réseau social.
Et maintenant, nous avons appris à rester chez nous et à nous signer une autorisation dérogatoire de sortie pour aller acheter du pain !!!

Quelle sera l’étape suivante ? Car à n’en pas douter, étape suivante il y aura… Nous ne faisons que commencer une période où il ne nous sera pas possible de nous déplacer selon notre bon vouloir. Nous ne pourrons plus nous réunir librement, même en famille (après le 11 mai, pas plus de dix personnes lors de réunions familiales !). Alors, évidement, les rassemblements politiques ou syndicaux ont du plomb dans l’aile.

Si nous ajoutons à ce tableau terrifiant la mise en place du télé-travail, nous finissons par avoir une image de notre société du début du 21ème siècle pire que ce qu’avaient pu imaginer les plus visionnaires des auteurs de science fiction !
Le télé-travail aurait pu être une forme de sortie de l’aliénation quotidienne au travail. Mais, dès que cette mesure a été utilisée massivement, les DRH se sont empressé-e-s d’amplifier leur contrôle sur le personnel. Avec le télé-travail, un patron peut surveiller à la minute près, ce que fait tel-le ou tel-le salarié-e-s. C’est aussi la possibilité de solliciter les salarié-e-s sur une amplitude horaire beaucoup plus large que les 7 h quotidiennes.
Et comme le ou la salarié-e- est seul-e, les réponses collectives sont bien plus difficiles à mettre en œuvre.

Les « managers » ont vraiment de beaux jours devant eux !!!

Dans cette ambiance peu amène, il est évident que ma tension ne peut pas baisser. Elle est toujours dans le jaune. Je suis allé chercher mon nouveau médicament, je commencerai demain matin.
La journée a été assez chargée. J’ai achevé le matin le travail prévu pour le groupe de travail UE d’Attac France. Et en fin d’après-midi, il y avait réunion de l’antenne de Nice de Attac.
Comme nous sommes mercredi, la soirée a débutée avec « la grande librairie« . Cinq écrivaines étaient invitées ce soir. C’est rare, d’habitude c’est l’émission de début mars qui propose un tel plateau. J’avoue n’avoir été enchanté par aucun des livres et des autrices présentées. Je ne les citerai donc pas…
Et puis j’ai enchaîné avec le documentaire sur Rosa Luxembourg (encore une femme !) sur Arte.

Les différentes sources d’information (télé, journaux) ont présenté aujourd’hui le discours du premier ministre. Je n’y reviens pas. Mais il y a une carte qui a attiré mon attention. C’est celle présentée par le site de France3 PACA qui traçait un cercle autour des principales villes de la région. Ces cercles avaient un rayon de 100 kms. Le but était évidement de visualiser les limites des déplacements autorisés après le 11 mai.
Je dois ici dénoncer une grande injustice. Lorsque on habite Nice, ce n’est pas un cercle d’un rayon de 100 kms, ce n’est même pas un demi cercle ! Nous ne pouvons évidement pas aller au sud. Nous sommes très limité-e-s à l’est par la frontière. Le déplacement au nord n’est pas aisé, car il faut tenir compte de la montagne. Il ne nous reste que l’ouest !!!
Avouons qu’il sera plus facile de se déplacer à Digne !
Et que dire des gens qui habitent à Clermont-Ferrand ?
Bon, je me console en pensant à ce que représente ce cercle à Menton, à Tende, voire à Bonifacio ou à Crozon !!!

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