Jour 14: Même les puissant-e-s ?
Dimanche 29 mars. Journée de confinement tranquille. Je ne suis pas sorti. J’ai lu (beaucoup lu), dormi et regardé la télé…
Mais l’évènement de la journée, c’est sans conteste le décès annoncé de Patrick Devedjian.
Est-ce que les puissant-e-s seraient eux et elles aussi menacé-e-s ?
La première fois que j’ai entendu parler de Patrick Devedjian, c’est au milieu des années 80 (du XX ème siècle). Il était maire de Anthony, commune de la banlieue sud de Paris. Ceux qui prennent l’avion connaissent bien ce nom, c’est le terminal du VAL qui nous amène de Orly vers Paris. A Anthony, on prend le RER B…
Pour moi, à l’époque, Anthony a une autre signification. C’est une ville dans lequel il y a un centre social (le centre Lionel Terray) dans lequel nous avons une section syndicale. Or, le nouveau maire d’Anthony, élu en 1983, Patrick Devedjian, a décidé de la fermeture du centre Lionel Terray.
Ce n’est pas original à l’époque. Après la victoire du PS en 81, confirmée au municipales de 83, les maires de droite ont compris la place qu’avaient prise les associations d’éducation populaire dans la formation des citoyen-ne-s. De là à en faire des foyers de propagation des idées socialo-communistes, il n’y avait qu’un pas. Que ces maires ont franchi. Et la riposte a été massive. C’est de cette période que date le début de la mise au pas du mouvement associatif qui nous amènera, trente ans plus tard, dans la situation de désert idéologique dans laquelle nous sommes aujourd’hui…
Mais en 84 – 85, on est loin d’imaginer jusqu’où nous entraînera cette lutte idéologique.
Le centre Lionel Terray a lutté pour sa survie. Notre section syndicale y a été vaillante.
Mais Lionel Terray a été fermé. Un centre d’animation municipal a vu le jour à sa place.
Comme à Vallauris, à Nice, Vence puis Cannes où les MJC ont été petit à petit mises au pas ou rayées de la carte suivant les villes… Comme dans de nombreuses, très nombreuses villes de France !
Mais le décès de Devedjian est surtout un signal d’inquiétude très fort en ces temps de crise coronavirale.
Ainsi les puissant-e-s peuvent aussi être victimes de cette épidémie (puissant-e-s relati-f-ve-s quand même, Devedjian n’est pas Pinault, Arnault ou Dassault).
Jusqu’à présent, nous recevions surtout des infos de responsables politiques déclaré-e-s positi-f-ve-s et confiné-e-s. Mais ils ou elles restaient fidèles au poste, à distance, ne laissant pas leur concitoyen-ne-s sans chef-fe. Surtout si ces personnalités sont toujours en course pour les municipales.
Pour la première fois, il apparaît que le virus frappe tous azimuts, et que ceux qui ont une faiblesse corporelle, subissent les mêmes sorts, quelque soit leur classe sociale (il semble que Devedjian soit décédé parce qu’il avait le cœur fragile et qu’il n’a pu supporter les soins).
C’est en tout cas le message qui peut être reçu de ce décès.
Et c’est le message qui fait monter la peur, qui fait respecter les décisions gouvernementales, même si elles sont liberticides, même si elles sont prises par des incompétent-e-s obsédé-e-s par la situation financière plus que par la situation sanitaire…
Mais cette analyse, il faudra du temps pour la confirmer. Dans quelques mois, voire quelques années, nous saurons précisément qui sont les victimes du Covid-19.
Mais je prends dès aujourd’hui les paris que ce n’est pas dans les beaux quartiers que les mort-e-s seront les plus nombreux-ses.
Comme il y a une justice de classe, il y a aussi une santé de classe…